Helena Scigala

La graphiste berlinoise Helena Scigala a jusqu'à présent appartenu aux soi-disant "femmes perdues" de l'art, ces femmes qui étaient bien connues et honorées de leur vivant mais qui ont été exclues de la perception publique après leur mort - également pour des raisons de processus de tradition hiérarchiques selon le genre.

Ses œuvres ont touché et impressionné des personnes de toutes les générations à l'époque, comme en témoigne une multitude de lettres à l'artiste (souvent envoyées à l'adresse de l'éditeur après une publication la concernant). Le motif de l'image "Mère et Enfant" était un thème central de la graphiste, qui était elle-même complètement absorbée dans son rôle de mère. Elle a créé une large gamme d'émotions humaines, de l'amour intime à la peur mortelle.

Helena Scigala, qui compte parmi les artistes visuels les plus importants de l'ancienne RDA, et dont les œuvres étaient contemporainement appréciées comme rappelant celles de Käthe Kollwitz, n'a pas eu un parcours de vie que nous qualifierions aujourd'hui de simple ou sans obstacles. Alors qu'Helena Scigala n'était nullement seule dans sa génération au XXe siècle et au milieu de l'Europe, elle a dû surmonter plusieurs obstacles simultanément pour s'affirmer.

Dans la recherche biographique sur l'artiste, une perspective que les jeunes chercheurs historiques appellent intersectionnelle peut être utilement appliquée. Cela fait référence à la présence de multiples désavantages qui se chevauchent chez une même personne en ce qui concerne des critères tels que le genre, la socialisation, les modèles de rôle dominants, la profession, la religion ou la citoyenneté.

Très abrégé et uniquement en relation avec le genre, la profession et la nationalité, on peut affirmer pour Helena Scigala : elle était désavantagée en tant qu'orpheline et plus tard en tant que mère célibataire dans les années 1950 ; elle était désavantagée en tant que femme dans les arts visuels, et elle était désavantagée pendant longtemps en tant qu'apatride en RDA.

À travers sa relation amoureuse avec un homme marié, l'étudiante en art s'est retrouvée dans le statut d'une femme enceinte non mariée ; est ensuite devenue une mère tardive selon les normes de l'époque, son âge de presque 31 ans étant de six ans au-dessus de la moyenne de son groupe générationnel en Allemagne, et est finalement restée pendant près de deux décennies une mère active qui "élevait seule" dans le plein sens du terme.

Les désavantages structurels et le traitement inégal évident des femmes dans le monde de l'art de la RDA (voir également les données spécifiques au genre sous le point "Participations aux expositions") s'appliquaient également à Helena Scigala. Cependant, elle a également connu un mentorat dans le domaine professionnel dominé par les hommes, notamment grâce à son professeur Prof. Arno Mohr, ainsi qu'une motivation et un patronage de la part de son compagnon plus âgé Herbert Tucholski. Après le bouleversement politique de 1989 en Allemagne, la sexagénaire est devenue victime des perturbations sociales individuelles de cet événement et est un exemple que la "pauvreté dans la vieillesse" affecte particulièrement souvent les femmes.

Des investigations supplémentaires sont encore nécessaires sur les effets négatifs de l'apatridie, qui n'a pris fin qu'au 52e anniversaire de l'artiste avec la présentation d'un certificat de citoyenneté de la RDA. Sa position de non-universitaire dans le cercle de l'intelligentsia artistique - dans sa jeunesse, elle n'a pu terminer que l'école primaire - mériterait également d'être examinée de plus près.

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